Le solfège est assené aux tout petits qui commencent la musique, certainement afin de s’assurer que seuls les futurs pros continuent l’étude de la musique, et que les éventuels futurs amateurs soient à jamais dégoûtés de la musique.
Et cette stratégie fonctionne parfaitement.
Quand on apprend sur le tard, sans solfège, on réalise assez vite que le solfège n’est pas complètement inutile, notamment pour ce qui touche les questions rythmiques. Apprendre quelque chose quand on en voit la finalité, ça marche tout de suite mieux. Mais le solfège, ça reste néanmoins bien rébarbatif.
J’ai du développer des stratégies alternatives : je vous présente ainsi ma méthode de solfège pour débutants, le Crado’lfège (TM), illustré par quelques exemples tirés de la partie de seconds violons du Concerto pour violon de Beethoven. Toute la méthode est basée sur le principe suivant : au lieu d’ânnoner des notes au nom barbare, énoncer des phrases simples tout en frappant régulièrement dans ses mains.
1. Les doubles croches
Dans cet exemple (et tous ceux qui vont suivre) les petits points rouges figurent les temps. Un point rouge, un « clap ».
Exemple 1 :
Personnellement, je gamberge trop quand il s’agit de caser quatre notes dans un temps. Zut, trop rapide. Trop lent. Caramba, encore raté. Le temps de réfléchir, je me suis pris trois mesures dans la vue.
Ici, vous taperez régulièrement dans vos mains tout en énonçant « dans la salle de bains, dans la salle de bains », en essayant toutefois de caser ‘dans’ et ‘bain’ sur le clap.
Hop: vous savez désormais faire des doubles croches.
Exemple 2
« dans la salle de bains » ne marche malheureusement pas pour les longues séries de doubles croches. Il faut trouver autre chose. Les Indiens (notamment les percussionnistes) énoncent des syllabes qui donnent à la fois une indication de frappe, et de rythme : « taghadindinda, taketakadin », mais c’est complexe. « un deux trois quatre un deux trois quatre », a le mérite de la simplicité mais s’avère monotone, si ce n’est prosaïque.
Pour ce passage , je vous propose la solution suivante :
les syllabes suivantes: pi, dans, bains, plif et plouf, tombent sur le temps; temps que vous frappez dans les mains, bien sûr. Pensez-juste à parler un peu rapidement pendant les doubles.
3. Difficulté supplémentaire, le triolet
Quand on cherche à caser trois notes dans un temps, immanquablement, on en case deux si on est endormi, quatre si on est en pleine forme. Trois notes, c’est redoutablement difficile.
Voici l’astuce (toujours le concerto pour violon de Beethoven, partie des seconds violons)
Un clap, un popotin, un clap, un popotin. Les triolets? Fingers in the nose !
La prochaine fois : des trucs syncopés.
7 commentaires On le Crado’lfège TM
on sent bien la tension dramatique, dans le deuxième exemple
(qui disparaîtrait totalement si on chantait: "pipicaca on fait ça dans les-oua-tères")
Dommage, j'arrive pas à trouver des plif plouf dans les partitions des trompettes. Que des paaaaarp paaaaarp, et 119 mesures de ronronronronron au milieu
ronronronon ? j'étais persuadée que c'était 'zzzzzzzz' la partition des trompettes.
Et oui, le pfil-plouf des violonistes.. 😉
pipicaca on fait ca dans les watères, c'est dans le Schubert !
Ehhh faudra trouver un éditeur pour le Crado'lfège!
Editions du DDLN (doigt dans le nez)?
Ramasse Poussière Edichion'?
CanardWcVerlag ?
Dark Vador l'anonyme.
C'est une idée…
ben pour les triolets j'ai bêtement appris :
tri o lait avec le geste auguste de la cuisinière mélangeant la préparation dans un sublime cercle.
Oh, comme c'est astucieux ! il faudra que je fasse une notinette sur le Miam'olfège. Le danger est d'avoir l'estomac dans les talons en fin de répétition !