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Les inoubliables célébrations des 40 ans du Quatuor Enesco

Arrivée salle Cortot, je me suis demandée un instant si je ne devrais pas plutôt rebrousser chemin. Cortot était pleine à craquer de jeunes gens, boîtes à violon sur le dos. Ce dont on pouvait déduire qu’il s’agissait d’élèves des membres du Quatuor Enesco. De quartettistes connus, aussi. Quand je m’approchai d’un monsieur entre deux âges assis à côté d’un des rares  sièges libres, il m’en interdit l’accès avec un « C’est pris, Madame » au « r » majestueusement roulé. Un « r » roumain.  Des violonistes. Des quartettistes. Des compatriotes des musiciens. Venus fêter les 40 ans du Quatuor Enesco, un âge vénérable pour

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Concert russe pour l’Ukraine

En mars, je n’ai pas beaucoup fréquenté les salles de concert. J’ai plutôt consacré mes soirées à éplucher les trop nombreux journaux auxquels j’ai souscrit un abonnement. Je ne sais toujours pas comment apprivoiser la culpabilité qui vient avec ce privilège. Écouter des belles choses alors que des millions d’enfants sont venus grossir les rangs des réfugiés en à peine quelques semaines.. On avait, avec Lars Vogt, un chef qui avait pris très clairement position le 24 février au matin, un orchestre qui avait aussitôt relayé sur twitter les propos de son directeur musical sans « attendre d’éventuelles consignes du gouvernement »,

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Collègues au concert

« Mais ces places sont géniales, on voit le chef et tout ! »« C’est l’hymne ukrainien ? »« Le truc qui fait klok, ce sont les woodblocks. Le vvvshuuiPINK, le slapstick »«  J’ai lu la note de programme pendant la pause-déj !!! hihihi !! »« Les musiciens n’ont qu’un bout de l’oeuvre imprimé sur leur partitions ? Sérieux ? »«  C’est pour quoi faire, les paravents ? »«  Si, si. Il y des pianistes qui voyagent avec leurs propres pianos. Pas beaucoup, hein. Probablement pas le cas de Marie-Ange Nguci »«  Il y a une différence entre les violons assis au troisième rang et ceux du quatrième rang ? »« Et le

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Six (six ? six !) Suites de Bach au Wigmore

Quelques instants avant le début du concert, avant d’activer le mode « avion » du téléphone, celui-ci me suggère la lecture d’un article sur le siège de Mariupol. Puis celui sur les deux millions et demi d’Ukrainiens qui ont quitté leur pays en guerre. Les six millions d’âmes réclamées par le COVID. Le fossé entre l’horreur de l’actualité et la joie du concert parait chaque jour un peu plus profond. Le lendemain de l’achat de mes billets, Omicron fermait les frontières du Royaume-uni1. Il y a quelques semaines, j’échafaudais encore des itinéraires, soigneusement minutés pour faire tenir l’aller-retour en moins de 24h

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Chostakovitch par N. Altstaedt, deux jours après les premiers bombardements.

Je ne sais pas d’où venait cet automobiliste, petit drapeau jaune et bleu suspendu au rétroviseur, plaques d’immatriculation ukrainiennes, qui s’est arrêté au passage protégé de la gare. Ni où il allait. Ni quand, ni pourquoi. Avec qui, ou sans qui ?  Je ne sais pas si Nicolas Altstaedt a pensé à ses confrères violoncellistes. A Paul Tortelier, qui avait refusé de jouer aux Etats-Unis pendant la guerre du Vietnam. Aux larmes de Rostropovitch, , quelques heures après le début de la répression du Printemps de Prague, aux Proms de 1968. A Casals, peut-être. Après le concerto de Chostakovitch, Altstaedt

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Des violoncelles par huitaines

Les violoncellistes se sont installés au compte-gouttes sur scène. L’air de rien, comme s’ils se trouvaient passer par là, et que soudain leur prit la fantaisie de s’y arrêter.  « Les entrées, à l’américaine. Tranquillement » souffle à ses étudiant leur professeur, Raphaël Pidoux, depuis le côté de la scène. Il les rejoint ensuite pour annoncer le programme : des transcriptions de Roland Pidoux – éminent pédagogue et père du précédent – pour ensemble de huit violoncelles. Il est des phénomènes musicaux qu’on ne sait expliquer, mais dont on ne peut que constater l’universelle vérité. Pour exemple : dès qu’un violoncelliste

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La remise des Prix très Importants et très Prestigieux de la Biennale de Quatuors

Après avoir longuement soupesé les qualités des concerts de la Biennale de Quatuors 2022, voici le résultat des délibérations. Les lauréats des vrai-faux Prix de la Biennale sont …: Le Prix du Ploum : le Quatuor Jerusalem Le Prix Ploum ! récompense la somptueuse série de pizz’ de Kyril Zlotnikov, dans le 2nd mouvement du Quatuor Américain. Dix jours plus tard, ma collègue I. me parle encore, des étoiles dans les yeux, des « doung-doungs du violoncelliste ». Peut-être ai-je moi aussi essayé à la maison de reproduire ces spectaculaires ploums, le plus féroce d’entre eux souligné d’un gigantesque moulinet du bras

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A la chasse aux Suites

Un jour, je me suis dit que j’écouterais volontiers les Suites de Bach. Les six, au concert, en vrai. • 2019 •Une ordalie pour aller à ce concert. Je me suis levée aux aurores, j’ai bravé La Grève Générale, supporté la voix doucereuse d’un GPS d’une bêtise abyssale, frôlé mille fois la mort sur les routes en lacets surplombant le Var, du réserver mon billet sous un nom d’emprunt (une longue histoire), et en fin de compte… « – Mais il en manque 3 ?! C’était écrit « Suites » de Bach, sur l’affiche ! »– Vous ne vous rendez pas compte, Madame !

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Un pot d’après-boulot ? Non merci, nous prendrons du quatuor à cordes !

C’est en excellente compagnie que j’ai assisté à ce concert. Il y avait ma collègue A., très intriguée par ces objets sur scène. On a improvisé dès le lendemain un atelier violoncelle et tournes, remplaçant la pique du violoncelle par un stylo bille, la laisse de l’instrument par un taille-crayon et les pédales pour tourner les pages de la tablette par des post-it. Elle a été dûment impressionnée par l’agilité des musiciens, un peu moins quand j’ai mimé un violoncelliste creusant à coup de pique un trou dans le plancher. Quel plaisir de revoir Z. ! Je suis sûre qu’il

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Biennale de Quatuors à cordes, activités pratiquées

• Écouter du quatuor, beaucoup ;• Ajouter de nouveaux noms à ma Chouchouliste de Quatuors ;• Écouter un pianiste reconverti en formateur de quatuors enseigner (un quartettiste honoraire ?) ;• Espionner, incognito, des conversations de quartettistes ;• Infliger à un grand quartettiste, médusé, le récit de mes premiers émois chambristes et de leur cinq bémols (devant mon n+2, en plus. Quelle honte. Depuis, je rase les murs au boulot. Ce qui s’avère plus facile en télétravail) ;• Paparazzer des quartettistes ;• Applaudir aux mauvais moments ;• Houspiller un quartettiste comme du poisson pourri car un de ses anciens élèves avait

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Mon royaume pour des applaudissements !

Pas un simple «Plaf ! », mais un camouflet aux circonstances, cet accord final du Quintette de Schubert, joué par une sélection de musiciens issus des quatuors Ebène et Belcea. Le coronavirus avait imposé sa loi : les musiciens ne seraient pas huit sur scène, mais cinq maximum. A la dernière minute, pour éviter l’annulation du concert de clôture de la Biennale, les musiciens avaient opté pour un programme remanié : 1er quatuor de Brahms et le Quintette de Schubert. « Lu » sur scène, sans répétition. Si j’avais osé, je me serais frotté les mains. C’est lorsque la catastrophe menace que se

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Trombone au microscope

Le léger haussement de sourcil de l’ouvreuse semble confirmer que que mon choix de place est franchement discutable. Au beau milieu du premier rang de parterre pour écouter un concerto pour trombone. Face au pavillon de l’instrument, je sais mes tympans bien vulnérables. Sans parler des aérosols.. Trombonistiquement et musicalement, l’idée n’est pas si mauvaise. Là d’où je viens, en orchestre amateur, on ne côtoie quasiment jamais de trombones. Le tromboniste, le plus souvent une connaissance du chef d’orchestre, se matérialise la veille du concert, joue les douze « PON ! » que la partition lui réserve, puis disparait. C’était ainsi une

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Salon Viennois à la Philharmonie

Ce concert au Studio de la Philharmonie, c’est le jumeau inversé d’un de mes premiers concerts de musique de chambre, à la salle Pleyel – il y a bien longtemps. La salle s’était avérée bien trop grande pour de la musique de chambre. Les musiciens, trop connus, trop solistes, trop imposants, et peut-être même un peu trop tonitruants. C’était la première fois que je suis sortie d’un concert d’humeur massacrante.  Ce jour-là, c’était parfait. Le studio de la Philharmonie est une salle au bon format, un soupçon trop grande toutefois pour qu' »intimiste » soit l’épithète le plus approprié. Une salle d’une

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Le klariscope