A la chasse aux Suites

Un jour, je me suis dit que j’écouterais volontiers les Suites de Bach. Les six, au concert, en vrai.

2019
Une ordalie pour aller à ce concert. Je me suis levée aux aurores, j’ai bravé La Grève Générale, supporté la voix doucereuse d’un GPS d’une bêtise abyssale, frôlé mille fois la mort sur les routes en lacets surplombant le Var, du réserver mon billet sous un nom d’emprunt (une longue histoire), et en fin de compte…

« – Mais il en manque 3 ?! C’était écrit « Suites » de Bach, sur l’affiche ! »
– Vous ne vous rendez pas compte, Madame ! C’est très long, très difficile, de les jouer d’affilée, quelle pression incroyable ! »

J’ai failli répliquer que moi Môssieu, deux heures plus tôt, j’avais du me jeter dans le vide, du haut de la route-qui-fait-peur, la seule qui dessert le lieu du concert. Je suis restée coite. Parfois le sens du ridicule me revient.

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2020
Les Dissonances programment les Suites avec Xavier Phillips, en avril 2020, à Saint-Leu. Les six ! Chic alors !

Le coronavirus : « Non »

On peut déplorer que ce programme n’ayant pas eu lieu, les recettes n’ont pas été reversées à l’association au bénéfice duquel était organisé le concert : les Margéniaux, qui effectuent un remarquable travail des réinsertion de personnes en situation de précarité – n’hésitez pas à faire un petit don.

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2021
Une intégrale des Suites au Wigmore Hall ! Un dimanche, comme c’est pratique !

Omicron : « j’ai dit NON. »

Trois jours après que j’ai effectué mes réservations, était instaurée la nécessité d’un motif impérieux pour aller à, revenir de, songer à aller au Royaume-Uni. Écouter les Suites de Bach est considéré par les autorités un motif plus touristique qu’impérieux.

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2022
Alban Gerhardt joue les Suites de Bach, en deux concerts, au Théâtre des Abbesses, à Paris. Après avoir pris mon mal en patience, je me logue sur leur site à minuit, le jour de l’ouverture de la réservation par Internet. J’achète un billet pour le 1er concert, je vais pour en sélectionner un pour le 2e concert, et … complet ! A minuit dix ?

Malédiction !

In fine, j’ai obtenu un billet au guichet le jour même. Ce n’était pas uniquement moi, mais mon ordi aussi, qui sommes maudits.

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