Une pause-déjeuner de deux heures et demie pour écouter un concert, était-ce bien raisonnable ? Pas vraiment, mais l’un des deux musiciens, Paul Zientara, figurait sur ma Chouchouliste Musicale depuis un bout de temps. Plus précisément, depuis le mouvement lent du (du ? d’un ?) concerto pour alto de C.P.E. Bach, aux Invalides, qui m’avait coupé le souffle. Ça faisait par ailleurs plus d’un an que je me mordais les doigts d’avoir manqué son concert à Meaux, en duo violon/alto avec son collègue violoniste Vassily Chmykov. Avec du Bartók dedans ! Enfin, l’occasion de me rattraper. Sauf que la punition …
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Un jour, à l’issue d’un concert, j’ai vigoureusement houspillé un violoncelliste qui s’était contenté de jouer une demi-intégrale des Suites. Ben quoi ? C’était écrit « Suites de Bach», sur l’affiche du concert ! Ni « Sélection de Suites », ni « Suites, les impaires ». Il m’avait regardée avec de grands yeux effarés, avant de tenter de m’expliquer la pression subie par le musicien qui s’attaque à une intégrale en concert. Je n’avais été que modérément convaincue, d’autant plus que j’avais remué ciel et terre pour aller écouter ces Suites. Et que je le savais par ailleurs tout à fait capable de jouer les six à la …
Il pleuvait avant le concert, suffisamment dru pour que les organisateurs rapatrient quelques dizaines de chaises sur scène, sous le chapiteau. On est parfaitement installés, blottis entre la queue du piano et la boite du violoncelle, tout près des musiciens. Il s’est arrêté de pleuvoir quelques instants avant le début du concert, mais trop tard déjà pour nous renvoyer à nos places. Pendant le Boëllmann, le soleil a même pointé le bout du museau. Aucune idée du temps qu’il a fait pendant l’Elégie de Milhaud, j’ai été happée. Est-ce que cette Elégie est si rarement jouée ou est-ce moi qui …
Le 7 mars 2016 tombait un lundi. Comme tous les lundis matins, j’étais allée au boulot, mais le coeur un plus lourd qu’un lundi ordinaire. Après avoir allumé mon ordi, je me dirigeai vers la machine à café. M’y attendait quelques collègues, l’air endeuillés. « Je voulais t’envoyer un texto hier, finalement je ne l’ai pas fait, je ne voulais pas que tu penses que je te taquinais »« Je l’ai découpée pour toi », dit ma collègue en me tendant la nécrologie du Monde, « Je t’offre un café », renchérit pudiquement mon chef,« Ma louloute toute triste ! »« Ca va ? J’ai pensé très fort …
J’aurais songé que dans ce contexte de confinements et de couvre-feu, il me faudrait renoncer à mes Histoires Farfelues, celles qui impliquent des coïncidences improbables, des musiciens qui ont eu le privilège discutable de croiser mon chemin. Sans oublier les cimetières désolés. Or ça n’a pas été le cas. Voici ma dernière aventure en date, toute fraîche de la semaine dernière. L’autre jour, quelques minutes après le début du couvre-feu, j’étais déjà en pyjama, sous la couette, avec un début de crève. Blululurp, gazouille mon téléphone, tout fier d’annoncer l’arrivée d’un message. « Klari, tu crois qu’il y a beaucoup de …
Je connais la propension de ma mémoire à filtrer insidieusement les souvenirs pour ne garder que les meilleurs. Ça s’avère toutefois un peu déroutant quand, cherchant à se remémorer une période qu’on sait avoir été difficile, elle ne me propose que des souvenirs lumineux. La coquine, elle est déjà en train de me préparer le même tour pour 2020. Mon expérience de 2020 a été certes privilégiée, puisque je n’ai pas été confrontée à la peur de perdre mes revenus, ai eu la chance de pouvoir télétravailler au chaud et en sécurité à la maison. Je me suis contentée de …
Salon, un soir d’été Mon grand périple pédestro-musical touche à sa fin. Plus qu’une dernière étape, entre Salon de Provence et Arles. A l’entrée du château de l’Empéri, je scrute le ciel, cherchant désespérément un nuage, ou la promesse de températures moins obscènes. Pas de nuage. Une escadrille de canadairs survole le château. Je saisis quelques bribes de conversation « … incendies de forêts… massifs fermés … mistral » et je m’interroge sur la pertinence de mon projet. Peut-être est-il temps de mettre le point final à mon périple. Est-ce vraiment futé d’aller vagabonder dans les Alpilles sous un soleil de …
Le dernier concert auquel j’avais assisté, celui du vendredi 13 mars, un des derniers rescapés du tsunami d’annulations pré-confinement, avait été tout particulièrement poignant. Comme pour préserver la symétrie, il était crucial que mon premier concert post-confinement ait une portée comparable. Par conséquent, mon cahier des charges était long comme le bras : De la musique de chambre, si possible. Je crois être en train de développer une légère forme d’agoraphobie musicale, car je n’ai guère envie d’écouter du symphonique, ces jours-ci. Trop brillant, trop spectaculaire. Pas maintenant. Dans la même veine, je souhaitais un concert en tout petit comité. En …
Quand, au détour d’une conversation téléphonique avec Gentil-Prof, je lui ai annoncé partir à Bruxelles, toutes affaires cessantes, afin d’y écouter Gary Hoffman jouer le Concerto pour violoncelle d’Elgar, il a été franchement interloqué. « Elgar ?! Trop sucré pour toi, ca ne va pas te plaire. » C’est vrai que depuis plusieurs années déjà, ce Concerto et moi nourrissons une franche inimitié. Il existe de ce concerto un enregistrement Planétairement Célèbre, gravé par une Violoncelliste Universellement Connue, mentionné dans la totalité des notes de programmes et des critiques de disques, comme pour rappeler à toute l’engeance violoncellistique que leurs efforts sont …
Ai-je glissé le câble d’alimentation de mon ordi dans mon sac à dos ? Peut-être l’ai je fait machinalement avant le lavage de mains de dix-huit heures trente ? Ai-je arrosé ma plante ? Éteint la machine à café ? Il est presque dix-neuf heures, je vais arriver en retard au concert. Ça fait quelques mois que j’ai marqué d’une pierre blanche cette date, je crois que je n’ai ni salué ni écouté Gentil-Prof depuis.. l’été dernier ? Quelle idée aussi, programmer un concert un vendredi 13… Quelques jours plus tôt, fin février Z., un de mes compagnons de concert préféré, lui aussi un …
A l’entracte, j’écoute distraitement Carnets babiller à côté de moi. Il analyse minutieusement les caractéristiques du quatuor Rolston, leurs partis pris musicaux dans Capriccio et dans le Souvenir de Florence. Moi, j’ai d’autres priorités. Il m’a ramené un délicieux gâteau de son séjour sicilien, et je suis très occupée à grignoter mon goûter sans répandre des miettes partout dans l’auditorium du Louvre. « – … tu sais, je me suis toujours demandé pourquoi les quatuors invitaient des solistes internationaux pour jouer la partie de deuxième violoncelle dans ce genre de répertoire. Tu prendrais un violoncelliste du rang de l’orchestre du coin, …
Il y a quelques semaines, Steven Isserlis pépiait sur twitter : « Ça m’exaspère d’entendre des gens dire qu’ils ne vont pas au concert parce qu’ils ne s’y connaissent pas assez en musique classique. Je crois que mon ami Olli Mustonen a trouvé la bonne réponse « Ça revient à dire que vous n’allez pas vous promener en forêt parce que vous ne vous y connaissez pas assez en botanique.» » J’ai ri, bien qu’un peu vexée de ne pas être l’auteur de ce bon mot. De temps en temps, on fait appel à moi pour jouer les guides forestiers. L’année dernière, mon …
Pour préserver l’intimité de ce qui est un moment privilégié entre des étudiants et leurs professeurs, les noms des étudiants ainsi que celui du Maître ont été modifiés. Toute ressemblance avec des lieux et/ou personnages existant ou ayant existé est le plus probablement fortuite. Les éventuels contresens musicaux sont bien évidemment de mon fait. « Ilsa, tu ne voudrais pas plutôt aller boire un café !? », ronchonné-je à l’attention d’Ilsa, sans obtenir de réponse. Il y a quelques jours, mon amie Ilsa a décrété que je l’accompagnerais écouter une master-class de violoncelle. Dans un moment de faiblesse, j’ai accepté. Ca fait déjà …